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Frédéric Appy, Années1, « Couleurs, Nuances » Cours n°2 mars –avril 2020
Bonjour à vous,
Je ne peux que vous inviter à lire, « explorer » l’ouvrage de Michael Baxandall. Ombres et
Lumières, Editions Gallimard, Bibliothèque Illustrée des Histoires, Paris, 1999,
Il s’agit plus, dans le cours de ce jour, d’une invitation à lire,
Découvrir les éléments de réflexions que propose ce livre.
C’est un livre difficile et je ne ferai que citer quelques remarques qui me semblent
intéressantes, voire primordiales (premières), au moins dans le sens scientifique, pour
découvrir les relations entre l’ombre et la lumière. Il s’agit en effet d’une approche
physique et humaine de la lumière au travers des expérimentations et les fabriques de
l’art.
On verra des exemples et plus tard nous retrouverons le « clair-obscur » chez
Rembrandt assez longuement décrit dans ses effets dans le livre de Eugène Fromentin :
Les Maitres d’autrefois » dont nous citerons des passages importants.
Il faut penser l’ombre, les ombres comme une multitude, de l’ordre du mouvement, du
passage, de l’unique « notre soleil éblouissant », rayonnant en une multitude d’ombres,
de multiples couleurs. Ne pas oublier les perspectives des nuages par exemple chez
Alfred Sisley, les lointains assemblages de nuages en ligne de Giorgia O’ Keeffe, voire
l’image des ombres qui dessinent aussi un lointain figé chez De Chirico ou autres lieux
fabriqués d’ombrages intrigants du surréaliste Paul Delvaux.
+++
La perception varie selon les heures, les dates, les lieux qui sont liés à une « Culture de
l’observation ». Parler de l’ombre, c’est parler de la lumière, (comme Goethe relève une
part d’ombre dans la couleur). Cf. p. 92
C’est un des fondements de l’approche de Baxandall. Son texte se fonde sur de nombreux
exemples de peintres de cette période de l’histoire de l’art.
- Pierre Subleyras (1699-1749) description p. 44-45,
- Giovanni Battista Tiepolo (1696-1770) description p.62-63, où il parle de la riche
« irrésolution »du dessin, ce qui est remarquable oxymore en apparence…
- Jean-Baptiste Siméon Chardin, l’ami de Cochin, (1699-1779)
- Jean–Baptiste Oudry (1686 -1755)
- Hyacynthe Rigaud (1659-1743) commentaire très intéressant p. 155-156, (« Rigaud
vouait un véritable culte à Rembrandt … » )( « Cette Peinture est picturale , au sens où
l’écriture peut – être littéraire. » )
(Cela correspond à la philosophie naissante du XVIIIème siècle (pensez également aux
Planches de l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert, elles ne sont pas négligeables aussi
dans une liaison texte – image...) Cf. p162)
On peut parler d’une culture de l’observation, notamment à propos des couleurs, de
leurs nuances, de la Densité des ombres Cf. p. 93-94,

L’observation des ombres colorées date de 1754-1755 (pensez à leur emploi chez les
Impressionnistes) Cf.p.42
Définition au 18ème siècle de l’ombre et de la lumière, notamment selon Newton 1666,
P.95 §.24
La lumière est le flux d’unités d’énergie massique émis par une source de rayonnement,
le soleil ou la flamme d’une bougie. Les unités d’énergie massique ou photons sont de
l’énergie en excès Cf.p11
La connaissance du monde des objets va de « haut en bas » et joue un rôle dans le
processus d’intégration des valeurs lumineuses aux objetsCf.p.61
Dans le domaine des sciences physiques, la lumière est un échange de photons
variablement sélectif entre la lumière incidente et les nuages d’électrons variables
associés aux noyaux qui composent les différentes substances des surfaces.
La physique appliquée, telle que l’a empruntée l’infographie, a modélisé la surface
comme une chose à « micro facettes », en d’autres termes elle est traitée comme si elle
était couverte de plans microscopiques parfaitement réfléchissants, d’angles et
d’arrangements variables, cela produit une texture visuelle, un retour au modèle de
Pierre Bouguer, 1760, au XVIIIème siècle Cf.p.16-17
Les scientifiques mais aussi en leur compagnie les peintres furent fascinés au XVIIIème
siècle par l’ombre leur jeux…
Ainsi le « Style » en peinture apparaît comme lié à la perception de l’ombre, sa
disposition, un plein, un vide, en fait la trace des déficiences de la lumière ou
l’apparitions des reflets.
Cette notion de « reflet » est aussi importante, elle qualifie également le rapport à l’étude
des ombres et des ombrages Cf. p.123 Conférence de Nicolas Cochin en 1753 ( publié en
1757-58 .
Une autre « définition » du dessin que nous trouvons dans l’essai de Baxandall, nous
semble intéressante car provenant de cette réflexion sur les ombres et les lumières :
Un dessin n’est pas un témoignage sur la manière dont nous voyons le monde réel – le
monde dans lequel nous évoluons avec deux yeux – parmi des solides avec le concours
de nos autres sens – mais son isolement de certaines facultés peut aiguiser notre
réflexion sur la manière dont nous pourrions voir dans le monde réel Cf. p. 61-62
L’imagerie de la figure humaine entretient une étrange relation avec la perception de
l’ombre Cf. p.63. Tout cela fait partie de la riche irrésolution du dessin Cf. p.63, un
rapport Couleur – Dessin, la distinction notable entre le dessin du sculpteur Michel –
Ange et les touches visibles de Titien ( dont Palma nous raconte qu’il peignait parfois
dans ses dernières œuvres « avec ses doigts »…)
Dans ces Essais sur la peinture de 1766, Diderot écrit « Tout ce que j’ai compris de ma
vie du clair – obscur », il évoque le défi, entre autres, de représenter la peinture des
surfaces… Cf. p. 113, On rappellera que les deux maitres de la photométrie au XVIIIème

siècle sont Bouguer (1698-1758), auteur d’un Essai d’optique (1729) puis du Traité plus
imposant de 1760, et Johan Heinrich Lambert (1728-1777) Cf. p.114
Montesquieu, quant à lui, en 1729, fait escale à Rome au Vatican, pour voir les
« Stanze » de Raphaël qui mettent en scène l’ombre de la prison de St Pierre, les gardes
assoupis la nuit, et la libération avec la lumière de l’Ange.
Un des contrastes illustrés et commentés dans le livre de Baldine Saint Girons, (opus
cité cours précédent)
« De l’ombre jusqu’à la lumière, il existe un continuum : en passant par « la pénombre »
Cf. p. 116, Johan Heinrich Lambert (1728-1777)
La profession de peintre : Définition du regard de « construction » et de
« déconstruction », nécessaire au travail d’un peintre est donc liée à l’observation et les
transpositions des ombres Cf. p.147,
Michael Baxandall évoque également les machines comme les télescopes qui peuvent
atteindre une précision quantitative supérieure à la vision humaine. Notamment cet
appareillage optique permet de nos jours de déceler et observer les étoiles. Comme
pour l’infographie nous voyons se préciser une approche déjà ancienne pour la
traduction et l’intérêt et des relations Ombres-Lumières.
Dans cet ouvrage on ne trouve pas une définition mais une évolution des théories, on
trouve pourtant un essai de synthèse actuelle Cf. p 161 §41, on distinguera pourtant les
lumière –ombres avec les Couleurs.
On remarquera une définition possible de l’Art comme une forme possible d’un troc, un
échanges de nos attentions respectives (aux effets d’ombre et de la lumière)
Je terminerai ce « cours » au sujet du livre de Michael Baxandall par vous communiquer
une référence, un catalogue très intéressant avec de nombreuses illustrations : La
Lumière, au siècle des Lumières & aujourd’hui, Art et science, sous la direction de jean –
Pierre Changeux, Editions Odile Jacob, Paris, 2005, (Disponible à la bibliothèque de
l’Ecole d’art Luminy),
Deux citations aussi extraites de Eloge de l’ombre de Tanizaki Junichirô, traduction
René Sieffert (Publications orientalistes de France, 1977) :
« Toko no ma, litt : Chambre du lit, alcôve, renfoncement généralement pratiqué dans le
mur de la pièce principale, perpendiculaire au jardin et qui joue un rôle capital dans la
décoration de la maison japonaise traditionnelle. C’est là en effet que l’on suspend une
peinture choisie en fonction de la saison et que l’on dispose quelque objet d’art, bronze
ou céramique, ainsi qu’un arrangement floral. Le goût des maîtres de maison se juge à
l’harmonie créée entre ces trois éléments. »
« De nos jours, on en est venu à fabriquer aussi des « Laques blancs », mais de tout
temps la surface des laques était noire, brune, rouge, autant de couleurs qui
constituaient une stratification de je ne sais combien de « couches d’obscurité » qui
faisaient penser à quelque matérialisation des ténèbres environnantes »
Je vous souhaite une bonne lecture, à bientôt…


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